American Journal of French Studies : Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours personnel ? Comment êtes-vous arrivée aux Etats-Unis ? Quelle était votre motivation ?
Juliette Dufau : Durant ma dernière année de master en droit en France, j’ai eu la chance d’être sélectionnée pour partir faire une année d’études aux Etats-Unis dans le cadre d’un partenariat entre mon université et la Vermont Law School. Partir étudier aux Etats-Unis avait longtemps été un rêve pour moi mais le coût des études était l’obstacle majeur à la réalisation de ce rêve. Le partenariat dont j’ai bénéficié m’a permis de partir à frais réduits et de vivre cette expérience tant espérée !
Vous venez de revenir en France après des études à la Vermont Law School. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette expérience universitaire ? Quelles places tiennent le sport et les études par exemple ?
Étudier à la Vermont Law School a été une surprise à plusieurs niveaux. Concernant les cours premièrement : contrairement à la France où un cours est dicté en classe puis travaillé à la maison, les cours aux Etats-Unis sont étudiés en amont, ce qui permet aux professeurs de nous interroger en classe et rendre le sujet beaucoup plus vivant et pratique qu’en France. Par ailleurs, il existe beaucoup plus de liens avec les professeurs qu’en France, que ce soit au début ou à la fin du cours, par email, ou durant les « office hours ». Deuxièmement, pour ce qui est de l’école, les infrastructures sont beaucoup plus développées : la bibliothèque et la salle de sport sont accessibles 24h/24, des évènements organisés par l’école ou par les différents clubs sont également beaucoup plus nombreux et cherchent à créer du lien au sein des promotions et entre les promotions.
Quelles différences et points communs avez-vous pu observer entre les Américains du Vermont et les habitants de votre ville de Toulouse ? Traits de caractère ? Différences sociales ? Le fonctionnement des institutions (police, justice, gouvernement local) est-il également très différent ?
Je n’ai pas trouvé beaucoup de points communs entre les habitants du Vermont et les habitants de Toulouse. La différence sociale qui m’a le plus marqué en revanche est la tendance des Vermonters à faire confiance : on trouve beaucoup de stand sur le bord de la route ou de magasins avec une salle ouverte toute la journée afin de vendre des produits. Le prix est indiqué et les gens paient pour ce qu’ils prennent sans que personne ne soit là pour surveiller !
Pour ce qui est du fonctionnement des institutions, les town meetings ont une certaine importance dans le Vermont, il y a même un jour férié appelé le Town meetings Day ! Ces réunions permettent aux habitants de prendre des décisions collectives concernant leur ville ou village.
À l’échelle nationale, que retenez-vous des dynamiques culturelles et des débats aux Etats-Unis au cours des deux dernières années ?
Ayant étudié dans une law school très engagée, j’ai eu l’occasion de voir à quel point la population est profondément divisée sur des sujets essentiels. C’est également le cas en France mais dans une moindre mesure.
Vous sentez-vous un peu plus bilingue / américaine aujourd’hui ? Quels conseils pourriez-vous donner à des jeunes lycéens désireux de vivre “l’expérience USA” ?
Je me sens bien sûr plus à l’aise en anglais aujourd’hui, bien que le diplôme pour lequel je partais me demandait déjà un très bon niveau d’anglais. Je dirais aux jeunes lycéens réellement motivés de bien chercher toutes les opportunités qui existent et qui permettent de partir. Beaucoup d’aides, d’organismes, d’associations etc. permettent de partir aux Etats-Unis sous différents statuts et pour différents budgets !
Est-ce que des livres, journaux, festivals, chaînes YouTube, ou émissions de télévision américaines vous ont marquée ? Ont changé votre vision des Etats-Unis ?
La télévision en général m’a marquée du fait qu’il y ait tant de publicités et qu’elles durent si longtemps ! Je n’ai quasiment pas regardé la télévision en 2 ans aux Etats-Unis pour cette raison. Une émission qui m’a marqué serait 90 days fiancé, le concept même me semble fou et très « américain ».
À l’inverse, quelles sont les plateformes et sites internet français que vous avez continué à suivre lors de votre séjour aux Etats-Unis ?
J’ai continué à suivre les gros magazines français pour me tenir informée de l’actualité en France. En termes de plateforme, j’ai bien évidemment utilisé France TV pour pouvoir continuer à suivre les compétitions de rugby autant que possible !
La langue française est parfois menacée comme au Québec par l’influence de l’anglais. Quelle est votre vision de la francophonie ?
Cela est très vrai et je suis partie avec cette idée que personne ou presque ne parlerait le français. En réalité, j’ai été très surprise par le nombre de personnes parlant le français ou l’ayant étudié, et surprise également par l’influence générale du français sur le Vermont, mais aussi dans des villes comme Charleston ou (dans une moindre mesure) la Nouvelle-Orléans.
Quels projets avez-vous ? Est-ce que la crise du COVID a durablement changé vos plans ? Souhaitez-vous revenir aux Etats-Unis dès 2022 ou comptez-vous définitivement vous installer en France ?
J’avais pour projet de retourner en France après un an d’études et le COVID m’a poussé à changer mes plans. Je suis restée un an de plus aux Etats-Unis par le biais d’un OPT en faisant un stage à distance pour un cabinet d’avocat à Manhattan. Mon objectif serait de revenir travailler aux Etats-Unis si j’en ai l’opportunité.